Dictionnaire IMPERTINENT des relations sociales Lettre C


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Compromis

Un numéro spécial de Philosophie Magasine « Faut-il faire des compromis pour avoir la paix ? »

Une émission sur France Inter dans l’émission Grand bien vous fasse.

Ce mot est très commenté aujourd’hui, peut-être parce qu’il s’éloigne de notre vie de citoyen, de couple, de salariés ?

Le grand philosophe du compromis Paul Ricoeur en donnait une définition qui donne à réfléchir :

« Le choix n’est pas entre le blanc et le noir mais entre le gris et le gris. Mais au sein de ces gris il y a des nuances fondamentales ».

Est-ce valable en relations sociales ?

En France, la recherche du compromis (ces nuances de gris) est très souvent occultée par le rapport de force au sein des entreprises. Le patronat a autant sa part de responsabilité que les organisations syndicales.

La CFDT a érigé le compromis comme un pilier de son action et Laurent Berger dans un long entretien consacré au UN Hebdo réaffirme que « la recherche nécessaire du compromis c’est la vie normale des entreprises et c’est le fondement même de la démocratie sociale ». Et bien OUI mais voilà la vie n’est pas si simple !

Tout d’abord, avant même de parler de compromis, il faut comme le dit si justement Dominique SCHNAPPER, sociologue à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) « accepter le principe de compromis, faute de quoi il ne peut pas y en avoir ». Elémentaire mon cher Watson !

Elle cite aussi l’exemple de l’Allemagne sur le champ du politique (d’actualité ces jours-ci encore avec la coalition CDU/SPD) et comme on est dans un dictionnaire sur les relations sociales, on ne compte plus les fois où ce modèle de négociation rhénan nous a été décrit comme ce qu’il fallait faire !

Elle précise que les différents partis discutent et négocient sur une longue période pour aboutir à un programme de gouvernement qui ne correspond rigoureusement à aucun des programmes de chaque parti, mais sur la base duquel ils ont décidé d’agir ensemble.

Nous pourrions idéalement reprendre, praticiens des RH et syndicalistes cette méthode. Imaginer les acteurs d’une négociation sur le temps de travail par exemple, chacun venant avec ses propres revendications et prendre ce temps long de la concertation pour aboutir à un projet totalement nouveau, construit de toute pièce qui satisferait tout le monde.

Je crains qu’il n’y ait un gouffre entre cette pratique outre-Rhin et nos pratiques en France. Nos postures ruinent bien souvent notre capacité à nous engager dans un dialogue sincère. Ces postures si décriées occultent la nuance et l’acceptation de la complexité et donc l’idée même de compromis ! Alors à quoi cela sert-il donc de courir après cette belle idée si les préalables de la négociation et la recherche des compromis ne sont pas réunis ?

Il y a une petite dizaine d’années, le CESE (Conseil Economique Social et Environnemental) avait été saisi par le gouvernement en pleine période d’examen de la loi Travail (2016) pour remettre un avis sur le dialogue social et l'idée même de compromis Les rapporteurs de ce rapport Jean-François Pilliard (ex-vice-président du MEDEF) et Luc Bérille (ex-secrétaire général de l'UNSA) expliquaient longuement leur démarche pour faire en sorte de rendre des recommandations qui avaient du sens en se décalant des débats qui inondaient la place publique. Ils avaient souhaité approfondir la question de la culture du dialogue social en France et concrètement comment amener les jeunes générations à s'emparer de ce sujet.

Pourquoi ne pas dans le cadre du stage de la classe de 3ème obligatoire dans une entreprise toucher du doigt ce sujet ? Comment inclure le compromis comme un " apprentissage citoyen" ?

Ce sont les générations futures qui feront du dialogue social un objet de performance au sein des organisations ou non.

Ce document était rempli d’idées à partager, tout en ayant conscience que cette « civilisation » des formes du vivre ensemble allait à l’encontre d’une société marquée par la défiance de tous envers tous et où malheureusement le compromis s’éloigne de nos sphères de citoyens ou de salariés. Mais parfois on y arrive tout de même !


 

La semaine prochaine la lettre D comme DIAGNOSTIC

 


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