Journal d'une DRH: apprendre à se taire


130 vues

" J'ai écrit parce que c'était la seule façon de parler en se taisant" Pascal Quignard

Etre DRH aujourd'hui dans n'importe quelle organisation relève du défi permanent. Pas une journée de répit. J'ai le sentiment que nous sommes nombreux à nous épuiser dans la gestion d'un quotidien compliqué, dans le développement de projets structurants, certes, mais que nous sommes souvent seuls à porter à bout de bras...les managers eux-même étant englués dans des situations opérationnelles en plein dysfonctionnement et ne voulant pas faire de vagues...

Alors des programmes comme celui de Julie Souchard apparaissent pour aider les femmes RH. C'est ramené le problème aux professionnelles RH. Ils sont utiles mais ma façon de raisonner, mon expérience me projette  sur une vision non pas individuelle mais sur une vision organisationnelle, collective et systémique... autant dire inaudible aujourd'hui.

J'ose faire le parallèle dans notre branche d'activité du soin et de l'accompagnement, au développement des plateformes de répit pour les aidants... à quand des espaces de répit  pour les DRH, se reposer, prendre du recul, apprendre à faire silence, arrêter le temps pendant l'espace de quelques jours et surtout prendre de la hauteur.  Il y a bien sûr des groupes de réflexions à l'ANDRH ou ailleurs, parler, encore parler de nos pratiques,  mais je considère qu'un DRH par nature se doit d'avoir un droit de réserve sur ce qui se passe dans son entreprise et de ne pas contribuer aux bavardages incessants en interne ou en externe !

J'ai choisi ce métier il y a 35 ans sans trop savoir, c'était l'époque des ouvrages comme celui de Charles-Henri Besseyre des Horts " vers une gestion stratégique des ressources humaines". Nous passions d'une gestion du personnel à une vision stratégique des RH. Tous, nous avons oeuvré pour y arriver avec beaucoup d'énergie et de conviction !

Certes, nous sommes en COMEX, nous avons une voix dans les décisions et sur ce point je n'ai jamais trop eu à me plaindre, mais comment être entendus sur une vision systémique de l'entreprise alors que même les COMEX s'emparent de sujets de gestion de base.Comment dire que tous les projets ont une incidence sur l'organisation du travail ? Comment acculturer les acteurs au fait que le temps long est nécessaire pour une appropriation des changements? Comment faire comprendre aux acteurs syndicaux que le dialogue social institutionnel n'intéresse pas les salariés sans se faire montrer du doigt et d'avoir la réputation de "vouloir casser le dialogue social" alors qu'un dialogue social élargi est plus que nécessaire ?

On va me dire si tu n'y arrives pas, "prends un consultant, lui externe sera plus écouté". 

Non, nous devons nous approprier nous même l'évolution de nos organisations qui évoluent dans un monde qui change. J'ai été consultante pendant dix ans et j'ai adoré cette parenthèse chez E&P mais j'ai choisi de revenir en entreprise pour co-constuire une vision pour être actrice dans la recherche de ce sens (direction et signification).

Utopie peut-être!

Mon roman "Séminaires" dont le personnage principal est une DRH agit et arrive avec l'énergie à bouger les lignes... et hasard des décisions de justice sur le licenciement d'un DRH pour avoir une relation amoureuse avec une DS est en toile de fond.

Alors j'ai une chance inouïe, je suis DRH et auteure et les mots, l'écriture me permettent de parler tout en me taisant. 

Le secret de l'action c'est de s'y mettre ! (le philosophe Alain)
 

 

 


Articles similaires

Création et référencement du site par Simplébo

Connexion

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'installation et l'utilisation de cookies sur votre poste, notamment à des fins d'analyse d'audience, dans le respect de notre politique de protection de votre vie privée.