Journal d'une DRH: "Dans DRH, il y a hache" Nouvelle de Philippe Claudel dans le 1 l'Hebdo
Les clichés sur notre métier de DRH deviennent insupportables et je pense que nous devons combattre ce RH bashing que nous DRH, supportons depuis des années. Mais là ça suffit !
Il y a quelques semaines, j'ai acheté le UN HEBDO comme il m'arrive souvent de le faire à la gare entre deux trains. Le numéro était consacré "Au secours le chômage revient!" avec une interview de Sophie Binet, toujours intéressant de lire en tant qu'experte en relations sociales et intéressée par l'analyse de la conjoncture sociale.
Mais en déployant ce numéro, car il faut de la place pour le lire, je constate qu'une nouvelle de l'auteur Philippe Claudel accompagne ce thème assez axiogène.
A la lecture des premiers mots de la nouvelle, je sais que nous DRH, nous allons encore en prendre plein la tête, et je n'ai pas été déçue par ma lecture.
Il s'agit du portrait d'un DRH qui reçoit un salarié pour lui annoncer qu'il va être licencier. Ce DRH utilise des métaphores pour faire comprendre à M. SCHNECK, qui ne parle pas, mais écoute sagement les absurdités débitées par le DRH, que le licenciement est nécessaire pour sauver l'entreprise.
Tout d'abord, l'entreprise est comparée à un bateau qui en période de gros temps doit se délester des membres de l'équipage qui " n'ont pas vraiment les compétences requises" en gros on les jette à la mer.
Ensuite, la comparaison est l'arbre "avec trop de branches, beaucoup trop de branches", le " pépiniériste sort sa tronçonneuseet paf! paf! paf".
Je remarque que notre auteur dont j'apprécie habituellement les romans, ne tarie pas de vocabulaire pour les outils tranchants, hache, tronçonneuse. Il manque peut-être le couteau pour décrire notre métier ?
Certes, on va me dire qu'il s'agit d'une nouvelle, qu'il ne faut pas prendre au premier degré ce qui est écrit, qu'il existe une liberté d'expression dans notre pays et je serai d'accord avec tout çà.
Mais à travers ce texte en première page d'un hebdo très respectable et un directeur Eric Fottorino que je lis et écoute avec beaucoup d'intérêt, ce sont des clichés, des stéréotypes regrettables qui sont véhiculés.
Le métier de DRH est tout d'abord exercé en grande majorité par des femmes avec certainement une façon de l'exercer différemment. Ici " le dégraisseur, le boucher, l'équarrisseur" est encore un homme qui parle, qui parle, qui n'écoute rien.
Ensuite le rôle de la DRH que je suis depuis des années est sans cesse à la recherche d'équilibre si difficile à trouver entre les différents acteurs de l'entreprise, les dirigeants, les managers, les organisations syndicales si elles sont présentes et bien sûr les salariés. Je me définis comme " régulateur du social". Alors, me décrire comme ce personnage dans la nouvelle ne heurte sincèrement.
Nous avons tous des dossiers compliqués à gérer et même dans une procédure de plan social, nous faisons au mieux pour accompagner les personnes. Il faut peut-être regarder de l'autre côté du miroir chez Michelin ou Auchan où dans ces entreprises dites " sociales" des mesures importantes sont mises en place pour accompagner les personnes effectivement traumatisées par la suppression de leurs emplois.
Journalistes, écrivains, nouvellistes, allez lire les blogs des syndicats chez Michelin pour voir la réalité du dialogue social depuis les mois précédents l'annonce et vous vous ferez une idée des accompagnements et du vrai job de DRH.
Nous sommes des professionnels qui méritons un peu de respect ou du moins de la neutralité dans les papiers qui sortent sur nous.
Mais effectivement, nous ne faisons rien d'extraordinaire.
Le métier est suffisamment dur pour au moins faire l'effort de le connaître plutôt que de véhiculés des clichés!
Le secret de l'action c'est de s'y mettre comme disait le philosophe Alain